26 octobre 2019
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Chers Amis,
Arrivés à SORRENTO, nous nous sommes tout de suite rendu compte que rien n’était facile dans cette ville étriquée, surplombant la marina et accessible en ascenseur, où toute possibilité de parking d’une voiture est illusoire et où, le soir, la Police trouve encore bon d’instaurer des interdictions de certains itinéraires. Bref, pas simple et comme notre motivation d’admirer les boutiques « pour touristes » est nulle, nous nous sommes limités à louer une voiture pour aller visiter les environs.
Presqu’île de SORRENTO – AMALFI
Bien que, malheureusement, nous nous sommes mis en route sous la pluie (donc, pas de photos valables…) – et comme on sait, sous la pluie tout est moins beau et moins drôle ! – nous avons pu apprécier les défilés escarpés et vues plongeantes de la route sinueuse longeant la côte jusqu’à AMALFI. Toutefois, le manque d’espace est criant, il y a des endroits magnifiques où il est impossible de s’arrêter, en témoignent les km de voitures parquées sur la route aux alentours des sites intéressants. Donc, pour ceux que l’aventure tente, on ne peut que leur conseiller de choisir un hôtel doté d’un parking : c’est une denrée rare !
Nous avons visité POMPEI sous un ciel menaçant, ajoutant encore au côté assez sinistre de l’endroit. De façon globale, malgré la perception que l’on éprouve de la grandeur (dans tous les sens du terme) de ce site, c’est plutôt une déception car il ne reste pas grand-chose. Heureusement que nous avions visité préalablement le musée archéologique de Naples où nous avons pu rêver devant les fresques et colonnes ouvragées déplacées du site !
Le site de HERCULANUM, lieu de villégiature prisé à l’époque romaine, nous a beaucoup plus intéressés et impressionnés : en 79, la ville a bien sûr été pulvérisée et envahie de lave comme Pompéi mais il y subsiste de nombreux vestiges et des maisons – à étages - quasi entières. On imagine très bien à quel point l’endroit, en bordure de mer, devait être agréable. La vue des centaines de squelettes cachés dans les abris de l’ancien port est poignante : autant de victimes qui croyaient s’abriter efficacement et qui ont péris brûlés et asphyxiés tant étant fulgurante la vitesse à laquelle la catastrophe s’est produite. Les archéologues ont fait (et continuent de faire) du bon boulot car il a fallu dégager le site enfoui sous près de 10 m de cendres et lave.
CAPRI
Comme dans la chanson, c’est fini et nous n’y retournerons pas. En effet, malgré la beauté intrinsèque de l’île (qui ressemble fort à la côte sauvage de l’île de Majorque), le tourisme envahissant et l’hyper urbanisation (tout est envahi de maisons et de boutiques) dénaturent l’endroit. Finalement, l’île ISCHIA, avec son côte bon enfant et moins snob, nous a beaucoup plus séduits et c’est avec plaisir que nous y retournerions le cas échéant (une occasion de refaire un excellent repas au restaurant « LA TUGA » et de refaire notre stock de vins chez le viticulteur CASA d’AMBRA, dont le crû tiré de vignes de « mille anni » est particulièrement réussi).
Coin voile : ne voulant pas être les pigeons de la marina, celle-ci pratiquant des prix excessifs, et vu la direction du vent nous sommes allés mouiller au sud de l’île au lieu-dit « MARINA PICCOLA ». Le restaurant « LA SIRENE » nous a accueillis gratuitement sur l’une de ses bouées, est venu nous chercher à bord avec son annexe, nous a offert un emplacement, le lendemain, pour notre Zodiac. Nous y avons très bien déjeuné, jouissant d’une vue splendide et d’un excellent poisson. A noter qu’à partir de 17 :00, le restaurant comme tous les autres établissements de l’endroit, ferment leurs portes car ils sont dans l’ombre de la falaise, donc plus rien ne se passe et il fait hyper calme…. jusqu’au lendemain matin ou un nouveau déferlement de bateaux d’excursion et autres agitent bruyamment les eaux !
Nous quittons Capri très tôt le matin (en fin de saison, le soleil se couche tôt et comme nous évitons autant que faire se peut d’arriver de nuit dans un endroit inconnu, il faut se lever à l’aube !) pour AGROPOLI avec l’idée de visiter le site de PAESTUM.
Coin voile : Nous mouillons à l’Ouest de la marina le long de la plage et sur deux ancres afin de rester face à la houle. Toutefois, celle-ci s’amplifie grandement au cours de la nuit, donc ce ne fut pas calme ! Il aurait mieux valu entrer dans la marina, d’autant plus que son quai municipal offre la première nuit gratuite, ce que nous ne savions pas !
Fin de matinée, nous rejoignons PAESTUM, ancienne colonie grecque, après une heure à vélo. Le site est magnifique et enchanteur, à ne pas rater !
Finalement, en rentrant de notre expédition, l’examen de la météo nous fait nous remettre en route aussitôt : en effet, si nous voulons profiter de conditions convenables aux EOLIENNES (lieu à la météo très versatile), il faut y aller sans tarder. Nous effectuons malheureusement tout le trajet au moteur, heureusement sur une mer d’huile.
Le STROMBOLI ne nous accueille pas avec un quelconque panache : c’est la deuxième fois que nous allons aux Eoliennes et nous n’avons toujours pas assisté à ses débordements spectaculaires, ce sera pour une prochaine fois !
Au mouillage au sud de LIPARI, dans un endroit magnifique, nous passons une nuit calme et réparatrice et profitons d’une eau à 26°C ! Au loin VULCANO évacue quelques fumerolles.
Le lendemain, nous rejoignons la marina de LIPARI afin de faire le tour de l’île en voiture. A noter que la marina est envahie de voiliers-charters, dont les équipages n’hésitent pas à chahuter jusqu’au milieu de la nuit….
Très belles vues sur SALINA. Le petit port de Lipari est vraiment sympa et les ruelles de la vieille ville sont très attirantes, on a toujours envie de s’y balader.
Nous limitons notre visite (nous étions ici en 2011 et avions déjà visité le magnifique musée archéologique) car la météo se détériore quelque peu et nous souhaitons arriver à PALERME avant le déluge annoncé ! D’ailleurs, en quittant l’archipel, nous avons droit à un vent de 6 à 8 Bft et des vagues de 2 à 3 m…
Nous passons une nuit à TERMINI IMRESE, dont la marina ne nous séduit pas pour y laisser le bateau l’hiver mais dont les gigantesques escaliers pour rejoindre la ville haute nous laisseront un souvenir impérissable !
Nous retrouvons le vieux port de PALERME avec plaisir. Il n’a pas tellement changé depuis ce tableau :
Les Quattro-Canti sont toujours le point de repère de la ville, dont certaines artères sont devenues piétonnières : un plaisir à vélo !
Nous ne résistons pas à revisiter les deux beaux musées de la ville (où nous retrouvons quelques chefs-d’œuvre) ainsi que la Chapelle Palatine, toujours aussi éblouissante et unique.
Découverte aussi d’un excellent restaurant « Bib Gourmand Michelin » : «BUATA CUCINA POPOLANA ».
Victimes ensuite d’une - longue - pluie diluvienne ayant transformé les rues de Palerme en véritables torrents, nous rentrons à la marina bien trempés. Rien de grave cependant, nous mettons tout à sécher et passons une excellente soirée en compagnie d’un sympathique couple de navigateurs Anglais (il faut dire que les marinas sont plus favorables aux contacts que les mouillages…).
Ensuite cap sur les EGADES, archipel de 3 îles situé à l’Ouest de TRAPANI.
Après une nuit au mouillage, nous rejoignons le petit port de FAVIGNANA qui nous offre un abri sûr vu le fort vent du Sud annoncé. Nous parcourons l’île (dans sa majorité assez plate…) à vélo, ce qui nous permet de constater que son sous-sol est devenu un vrai Gruyère : les Romains victorieux n’ont pas hésité à extraire massivement une pierre de tuf de couleur ocre, apparemment très prisée et exporté un peu partout.
FAVIGNANA est aussi célèbre pour sa pêche au thon, industrialisée par la famille FLORIO dont nous avons visité la belle maison de style Liberty située sur le port et l’ancienne « tonnara » maintenant désaffectée mais restaurée (avec des fonds européens…). Le cœur serré, on y voit toutes les opérations de capture de ces pauvres thons dans les « filets de la mort » et de leur mise en conserve. En 1859, les captures ont atteint 10.159 unités et ce rythme a persisté pendant des décennies. Que l’on ne s’étonne plus si la population des thons a tellement diminué !
Les FLORIO ne se sont pas contentés du thon, ils ont aussi commercé notamment dans le Marsala.
En ferry, vu le vent, nous faisons un saut à LEVANZO (dont voici le joli port) et MARETTIMO (où tout est fermé sauf un restaurant improbable où nous avons très mal mangé…).
Après un bain dans l’eau à 22,7°C de la CALA ROSSA (qui tient son nom de la couleur de la mer après un combat sanguinaire victorieux des Romains sur les Carthaginois), nous rejoignons TRAPANI que nous retrouvons avec plaisir. Le sommet de ERICE est dans la brume, nous n’y retournerons donc pas (car nous avons visité ce charmant village en 2011 déjà dans une ambiance de sports d’hiver…).
Nous mettons le cap ensuite sur SCIACCA sur la côte SW. Très belle navigation au spi, le Capitaine est heureux ! Il l’est par contre beaucoup moins à l’arrivée….
COIN VOILE
En effet, en mettant le moteur en route à l’approche du mouillage, l’hélice fait un bruit d’enfer et le bateau est secoué. Sans doute un filin ramassé on ne sait où car on n’a rien vu de suspect pendant la traversée et en quittant Trapani, tout était normal. On rejoint le lieu de mouillage (heureusement facile) à la voile. Paul plonge et …. replonge car il n’en croit pas ses yeux : on a perdu une pale de notre hélice GORI et pas question que celle-ci fonctionne sur les deux pales restantes, cela pourrait endommager le bateau. Le jour étant tombé, il est trop tard pour tenter quoi que ce soit et nous allons dormir.
Le lendemain matin, temps calme, pas de vent et pas de vagues (nous sommes vernis… pour le même prix, nous aurions pu nous retrouver dans des conditions difficiles !). Paul accroche le dinghy à couple de Pollux, nous remontons l’ancre et nous voilà partis vers le port qui est 1,5 NM plus loin, à petite vitesse mais très efficacement, je dois le reconnaître (après avoir montré un pessimisme de mauvais aloi sur ce type d’expédition !). Coup de bol, il n’y a pas de bateaux de pêche à éviter dans l’entrée et nous arrivons doucement au quai où se trouvent les grues. Encore un peu de stress pour ne pas se ratatiner sur les dangereux bouts de fer qui dépassent du quai et nous sommes prêts à entamer les discussions - en Italo-Espagnol approximatif - sur la façon de gérer la suite des événements.
Il s’avère que les grues disponibles ne sont pas assez fortes pour sortir le bateau de l’eau. Il y a bien une autre grue, plus musclée, mais pas de chance, elle est partie pour plusieurs jours de travaux à quelques kilomètres de là. Un plongeur professionnel se mêle à la discussion et dit qu’on peut très bien changer une hélice dans l’eau, cela s’est déjà fait…. Toutefois, pour pouvoir faire cela dans le port, il faut une autorisation spéciale (payante), deux plongeurs agréés (payants), une équipe de surveillance en surface (payante), etc…. Le Capitaine décide donc, de concert avec le plongeur, de « le faire à l’africaine » : on va donc ressortir du port comme on y est entré et mouiller l’ancre en bordure d’une plage voisine. Ensuite Paul (ex-plongeur diplômé !) et l’autre plongeur vont enlever l’hélice défectueuse et placer l’hélice de réserve dont nous disposons fort opportunément (il s’agit en fait de l’hélice standard du bateau qui n’a jamais servi puisque le précédent propriétaire avait préféré placer une hélice tri-pales à pas variable, sommet de la technologie – mais pas vraiment simple à utiliser).
Mais entre-temps, le vent et les vagues se sont levés et la sortie du port est nettement moins drôle. Dès que possible, car le moteur du dinghy n’a pas la force suffisante, nous sortons le génois et nous nous débrouillons pour aller mouiller là où c’est convenu.
Paul déballe tous ses outils comme pour un champ opératoire (l’infirmière instrumentiste, ce sera moi !).
Le plongeur nous rejoint avec son équipement et commence alors le dur travail dans l’eau : 2 heures seront nécessaires aux 2 comparses (heureusement munis de combinaisons !) pour enlever l’ancienne hélice, suivies d’une demi-heure pour placer la nouvelle (moins complexe).
Le tout dans des conditions difficiles car une houle de 80 cm sévit en permanence : les outils et les pièces risquent de valser à la flotte et les deux plongeurs doivent bien veiller à ne pas se blesser quand ils abordent l’arrière du bateau qui fonctionne comme un dangereux yo-yo. Toutes les X minutes, l’instrumentiste est appelée pour fournir ou récupérer un outil ou une pièce (le soir, elle est presqu’aussi crevée que les plongeurs…).
Cette « pièce à 3 » débouche sur une victoire : la nouvelle hélice tourne comme une horloge ! La ténacité, la débrouillardise et, il faut bien le dire, le courage du capitaine ont porté leurs fruits et, comble de l’histoire, malgré la fatigue, il s’est très bien amusé (enfin du « spécial » où il faut faire preuve d’inventivité !).
Toutefois, quand nous pensons rétrospectivement à certains endroits scabreux que nous avons déjà pratiqués dans le passé, notamment dans des passes dangereuses aux Bahamas, entre les rochers et les déferlantes, nous avons froid dans le dos en pensant aux conséquences tragiques qu’une telle panne aurait alors pu causer. Dans notre malheur, nous avons eu de la chance que cela se produise dans un endroit facile comme celui-là…
Enfin, amis navigateurs, vos avis et expériences en la matière nous intéressent :
Hélice fixe ? Repliable ? A pas variable ? Les débats sur les forums sont multiples….
Il est probable que nous commencions la saison prochaine avec notre hélice fixe, nous pourrons ainsi comparer les performances du bateau par rapport à l’utilisation de l’hélice Gori.
Nous laisserons le bateau cet hiver dans le Sud de la Sicile.
A l’année prochaine,
Bien amicalement,
Marianne & Paul
PS
Pour ceux que la Sicile intéresse, voici les liens vers nos articles de 2011 :
http://castorpol.over-blog.com/article-pollux-news-sicile-trapani-14-10-11-86556282.html
http://castorpol.over-blog.com/article-pollux-news-sicile-segeste-monreale-23-10-11-87070491.html
http://castorpol.over-blog.com/article-pollux-news-sicile-palerme-25-au-28-10-11-87517324.html
http://castorpol.over-blog.com/article-pollux-news-sicile-villa-romana-agrigente-05-11-11-88039847.html
http://castorpol.over-blog.com/article-pollux-news-iles-eoliennes-09-11-11-88379199.html
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